VAN-ATELIER - Les débuts

 


 

I - NAISSANCE DU PROJET 

 

C'est durant mon trip en sac à dos d'un mois intitulé "Latin tour" en 2017 que j'eu la sensation que ma vie actuelle d'artiste et de voyageuse ne me convenait plus : les aller-retour incessants entre mon atelier à Paris et les destinations low-cost par avion me posaient un sérieux problème éthique et environnemental, en plus d'un ressenti particulier. 

 

Ce ressenti, c'était celui de toujours m'offrir des bulles d'oxygènes éphémères, des escapades en intraveineuse limitées dans le temps et une liberté à demi-éprouvée. C'était le sentiment du compromis qui m'obsédait et devenait insupportable.

 

Mon existence se meut à travers trois piliers fondamentaux que sont l'Art, la Découverte et le Questionnement: ceux-ci étaient indubitablement restreints de par le mode de vie classique moderne.  

 

A Paris, je jouissais d'une liberté déjà très grande, ayant l'opportunité grâce à mon évolution professionnelle autodidacte de simplement informer mes élèves lors de mes départs et sans devoir rendre de compte à personne. Mais cette formule ne me suffisait plus. Il me fallait jouir, sans limites aucunes. Embrasser pleinement mes passions, jusqu'à l'embrasement. Aller au-delà des possibilités offertes par le système dominant. 

 

Cette photo a été prise dans le bus au départ de Mateira en Italie, direction Naples. C'est dans cette ville que je fut submergée par ce sentiment : après trois semaines de cavales en sautant d'un train à un autre, l'énergie démentielle de cette ville me donnait envie de créer plus que tout autre désir. Une envie brûlante et irrépressible s'était emparée de moi et l'entour ne comptait plus véritablement : la date retour était oubliée, les impératifs financiers, l'agenda parisien...

 

Je courrais donc dans les rues napolitaines acheter un carnet de croquis et des crayons. Le premier soir sur place, lors d'une soirée très remplie organisée par mon hôte, j'avais fait la rencontre d'un sculpteur italien renommé du nom de Riccardo Albanese. Je me précipitais désormais à la porte de son atelier : ensemble nous aurons sculpté, dessiné et peint puis irons jusqu'aux Beaux-Arts de Bari à 2h de bus où il me présentera comme sa collègue parisienne pour l'assister dans son enseignement. Je me sens revivre.  

 

C'est là que je réalisais pour la première fois l'importance capitale de la présence de l'Art dans ma vie, de mon côté actif et créatif qui se devait d'être écouté et prioritaire sur le reste. En rentrant sur Paris, ma décision est prise : je ne ferais plus d'aller-retour.

 

 

Ma vie sera désormais exclusivement en marche avant,

accompagnée de mes passions. 

 

 

🌎

 

 

Le rythme nomade quant à lui n'était plus négociable : il est dans ma nature de me déplacer sans cesse, de transiter, de permuter dans l'action et la dynamique, de me réinventer sans cesse. Une année entière sédentarisée en un seul lieu demeure ma limite : je me sens alors perdre de vitesse, m'éteindre lentement et m'abîmer de l'intérieur comme une surface rocheuse érodée patiemment par l'océan. 

 

S'il était possible de contenir mon atelier tout entier ainsi que mon chat dans un grand sac comme Marry Poppins alors la question serait réglée. La vie en van, autrement appelée "van life" et documentée sous forme de lifestyle, ne m'intéresse donc pas.

 

L'idée du van est purement fonctionnelle et n'est pas une fin en soi: c'est un outil à ma disposition pour faire converger mes désirs et optimiser le meilleur moyen de parvenir à mes fins.  

 

Par la suite, les années passant, j'envisage avec mes deux meilleurs amis de construire un atelier dans les Pyrénées, articulé autour de la notion de permaculture ( autosuffisance énergétique ) et la mise en place d'un gîte comme activité rémunératrice. L'un d'eux est modélisateur 3D avec une expérience solide dans le bâtiment et souhaite un atelier pour le travail métallurgique, la menuiserie, le verre et l'impression 3D. La seconde est photographe de métier, diplômée d'anthropologie et politique culturelle : l'atelier polyvalent est donc également désiré. 

 

Mon unique désir est de créer, encore et toujours, à chaque instant : le mode de vie alternatif en van est donc nécessaire dans un premier temps afin de réunir les fonds pour ce projet futur décrit plus haut. Nous serons ensuite libres de voyager individuellement autant que souhaité, nous relayant à tour de rôle pour la gestion de cette pépinière créative et sa fonction locative. 

 

Voilà le contexte dans lequel le projet du Van-Atelier a vu le jour.


Cependant une dernière raison, finalement la plus importante et intime pour moi, motive ce choix: j'ai pris la responsabilité de prendre sous mon aile une créature organique, différente de mon espèce, née le 21 juillet 2013.

 

Mon rapport aux animaux est semblable à celui d'un biologiste, aussi ne suis-je pas dans l'illusion de vivre avec "un animal domestique". En prenant la décision de nourrir, soigner et conditionner selon mon propre système de communication ce chat, j'ai aussi enclenché un rapport d'inter-dépendance dépassant l'affectif : il s'agit donc d'assumer ce rôle choisi un jour, du début à la fin, en dépit de mes désirs premiers. C'est la seule et unique créature pour laquelle les compromis sont possibles de ma part, et même tout à fait volontaires. Je l'ai surnommée Bagheera, elle a 6 ans et une insuffisance rénale chronique congénitale a été découverte en 2019.

 

Un lien unique et puissant d'affection s'est créé entre nous et sa curiosité n'a pas de limites : je l'ai habitué très jeune à l'aventure et aux voyages. De nombreux soucis de santé se sont déclarés à la suite de cette maladie, dont des troubles neurologiques et épileptiques contre lesquels nous nous battons ardemment actuellement. Une responsabilité et vigilance supplémentaire de ma part était alors nécessaire, sur l'aspect financier d'une part pour supporter et anticiper au long terme les frais vétérinaires et sur l'aménagement des conditions de vie d'autre part.

 

Pour ces raisons, vagabonder en sac à dos n'était plus envisageable.

La sécurité et la stabilité offerts par le véhicule utilitaire sont donc avant tout pensé pour elle. 



II - LES PLANS

 

La décision prise, j'ai donc travaillé durement à Paris durant 1 an et demi afin de réunir les fonds nécessaires. L'aménagement d'un camion étant difficile à imaginer en pleine capitale, j'ai fait le choix en décembre 2018 de quitter ma vie parisienne pour venir chez mes parents en Gironde afin d'effectuer la transition du mode de vie plus calmement. Il fallait désormais évaluer correctement mes besoins, impératifs et particularités pour définir le modèle de véhicule dans sa motorisation, dimensions...etc 

 

J'ai donc élaboré un cahier des charges afin de couvrir convenablement mes axes de recherche, organisé en 6 points : Véhicule, Aménagement, Législation, Autosuffisance, Sécurité et Etude géographique. 

 

Les sources d'informations et témoignages sur Internet étant nombreux, il était aisé de recouper les conclusions. Mon premier dilemme cependant fut le choix du type de véhicule entre un poids lourd ( PL ) et un véhicule utilitaire ( VL ). 

Le PL apportait l'avantage d'une superficie vivable plus importante et l'opportunité de créer un atelier conséquent, mais il nécessitait l'obtention d'un permis D, occasionnant des frais supplémentaires ainsi que des contraintes administratives plus lourdes ( ex : contrôle pollution ). Son coût d'entretien et ses demandes énergétiques étaient aussi considérables. 

Le VL quant à lui, réduisait drastiquement mes capacités de stockage et d'aménagement mais remplissait un rôle à mon sens primordial et incontournable pour ma sécurité personnelle : la possibilité en cas de vandalisme, comportement suspect ou agression durant mon sommeil de passer de l'habitacle à la partie conduite sans sortir du véhicule pour démarrer en évitant de s'exposer. Ce point était durement négociable. 

Le Mini-bus, pour sa part, exigeait également un autre permis avec une formation obligatoire au transport de personnes. Son homologation par la suite en véhicule aménagé était complexe, avec un dossier nécessaire auprès de la DREAL et un passage aux Mines d'un coût total d'environ 690€. 

 

J'ai donc choisi de me diriger vers un véhicule utilitaire d'occasion homologué ( VASP ) aux dimensions maximum L4H3 en gardant mon permis B. Les modèles recherchés étaient les suivants, par ordre de préférence : Citroen Jumper, Fiat Ducato, Iveco Daily, Volkswagen Crafter, Peugeot Boxer et Ford Transit. 


Je me suis ensuite formée rapidement sur le logiciel Sketch Up

afin de réaliser des prototypes de plans.

( Sans oublier d'incruster Bagheera en arrière plan :) )

 

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III - L'ACHAT ( ou pas )

 

Le 18 septembre 2019, je fais l'acquisition à Brest d'un Peugeot Boxer rehaussé de 1994, aux dimensions plus petites que celles originellement souhaitées, au prix de 6200€ pour 230 000km.

 

Deux options d'achat étaient possibles pour ce projet :

 

1 - Une occasion peu onéreuse sur un véhicule avec un gros kilométrage qui permettait d'injecter un meilleur budget dans l'aménagement et évitait les installations électriques modernes défaillantes, avec une mécanique assez basique et la facilité de trouver des pièces de rechange à moindre coût.

2 - Une occasion d'un modèle plus récent, sur un budget entre 13 000-18 000€, dans les années 2012-2016 et un kilométrage inférieur à 180 000 km ainsi qu'une technologie plus récente. 

 

Cette occasion à 6200€ d'un vieux modèle réputé assez solide me semblait donc être un choix risqué mais peut-être gagnant, les avantages/inconvénients des deux options d'achat n'étant pas comparables. 

 

Les 600km du retour me séparant du lieu de vente de mon domicile se déroulèrent correctement mais de nombreuses défaillances furent observées, indétectables à l'achat.

 

Malheureusement, dix jours plus tard après un passage garage,

le début du cauchemar commence. 

[ Pour des raisons de négociations toujours en cours avec le vendeur, les précisions et détails ne sont pas communiqués dans cet article. ]

 

Nous sommes indéniablement sur un faux-départ.

 

La déception et les ressentiments sont immenses mais il n'est pas dans ma nature d'abandonner devant la difficulté. Un gouffre financier s'ouvre sous mes pieds et une perte de 8000€ doit être acceptée. Mes économies sont en grande difficulté et le projet est complètement gelé : c'est un vrai coup dur. 

 

Nous sommes en décembre 2019 soit deux ans et demi écoulés depuis la naissance du projet et les sacrifices balayés d'un revers sont éprouvants d'aigreur. Cependant, j'ai la chance d'être entouré de véritables meilleurs amis exceptionnels semblables à un frère et une sœur ; ceux-là même avec qui je projette d'acquérir le terrain dans les Pyrénées. Ces derniers souhaitent m'aider et me prêter une somme conséquente d'environ 10 000€ au total pour m'aider à rebondir et faire face en achetant un nouveau véhicule. 

 

Je reste ainsi concentrée et focalisée sur Demain, à la recherche d'un nouveau véhicule et d'une solution pour ce Peugeot Boxer non exploitable. Les enseignements furent nombreux depuis le début de ce litige et les erreurs commises ne seront pas reproduites. 

 

~

 

NEWS DU LITIGE EN JANVIER 2020 : Aucune des poursuites judiciaires n'auront abouties malgré mes efforts, le vendeur a décidé de rompre toute communication et menaçait l'issue d'un procès par un non-paiement de la décision de justice en anticipant son insolvabilité. Une plainte pour "Mise en danger d'autrui avec risque de mort immédiate" a été transféré au TGI de Bordeaux.

 

Le véhicule quant à lui a pu être revendu pour 2300€ par des personnes intéressées en dépit de son historique. La vente fût honnête, laissant tous les défauts apparents sans aucune minimisation et le contact amical a été gardé avec ces nouveaux acheteurs. Cette touche saine d'humanité retrouvée pour clore ce chapitre m'a été bénéfique pour oublier cette histoire. 

 



 

 

" IF IT WAS EASY, EVERYONE WOULD DO IT " 

 

Le malheur des uns fera toujours le bonheur des autres et nombreuses ont été les personnes ayant tenté par le passé de me décourager ou de dénigrer mes objectifs : je ne suis pas une personne stagnante et influençable, je suis de ceux qui agissent et se relèvent quoi qu'il en coûtera. Il en faudra bien plus pour me faire plier ou douter.

 

Les fêtes de 2020 sont désormais là, je suis seule pour Noël et depuis 1 an, dans une grande maison vide pour garder mon chat malade, au chômage et dans une région où je ne connais personne mais le combat continue.

 

Je connais mes rêves et les poursuivrai sans sourciller : c'est là que se joue la différence entre l'échec et la réussite. Ce n'est pas la première fois que je garde la tête froide, je sais donc que cela fini par payer : il y aura toujours des spectateurs pour applaudir l'arrivée, ceux là même qui ne pariaient pas sur vous et vous présageaient dernier. Le parcours, lui, se fait seul. 

 

Je vous dis donc à très vite pour le prochain chapitre IV : L'achat ( le bon ) 



 

IV - L'achat, le bon ! 

Ne vous l'avais-je pas dit ?! aha Deux mois plus tard, je suis remontée en selle ! 

 

 

Le 15 février 2020, je fais la rencontre évidente de mon bébé, mon compagnon de route : un Citroën Jumper L3H2 de 2014, 150 000km, colori noir. Il est au prix de 10 000€, la somme exacte empruntée à mes amis : la marque, le modèle, l'année et le colori était dans mes préférences depuis le départ de ce projet. Je souhaitais un Citroën Jumper depuis si longtemps, j'avais mis un certain temps à me convaincre de céder pour l'ancien Peugeot Boxer : grand mal m'en a pris ! aha 

 

Ne jamais douter de Demain, voilà la vraie force. Beaucoup saluèrent ma ténacité de ne pas y voir un signe du destin et refuser d'abandonner ce projet malgré toutes les pertes financières : ne jamais se résigner, c'est tout. Agir, toujours. 

 

Le projet peut enfin commencer, je me sens immédiatement à l'aise à l'intérieur : je ressens qu'il s'agit là de mon abri, de mon repaire. Son intérieur est totalement vide, à même la carcasse, sans fenêtres : je peux visualiser les dehors bruts de ma maison roulante, comprendre son architecture primaire. 


V- L' aménagement

 

Dès les premiers jours, je commande les premières pièces: des fenêtres et des bases pivotantes. J'enlève également la cloison de séparation. Je fais des comparaisons entre les fournisseurs afin de commander le reste et là... le Covid 19 se présente au monde.  

De nouveau, le projet est retardé : les principaux magasins de bricolage ont réduits leur liste de produits commercialisés et ceux dont j'ai besoin n'y figurent pas. J'ai cela dit pu installer une baie latérale et commander les deux fenêtres arrières auprès d'un garage Citroën situé au bout de ma rue. Je patiente donc à nouveau, observant avec la même appréhension que le reste de la planète l'évolution de cette crise qui dépassera en conséquences le simple et individuel désagrément d'un projet suspendu. 

Je ne suis pas à plaindre, confinée avec ma famille en pavillon et proche de la nature : je me concentre donc sur le positif à venir. Haut les cœurs !

CITROËN JUMPER

L3H2, 2014, 150 000km

alias " ZÉLÉE - WILL "




 

 

 

Le van est enfin là ! 

 

Lire la suite avec les étapes de l'aménagement ici

( Article à venir ) 

 


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