Baghi ~ Ma plus belle histoire d'amour

 Let's stay together, itsumo ~


Baghi est née le 21 juillet 2013.

 

Je l'ai sauvé du froid de la rue alors qu'elle était encore dans le ventre de sa mère. Un matin de tempête, à l'aurore, une chatte noire me miaulait dessus alors que je rentrais de soirée, à quelques pas du seuil de mon immeuble. Je continuais de marcher mais elle m'a suivi, insistant du regard, craintive mais déterminée à trouver un abri.

 

Je l'ai donc prise avec moi dans mon appartement. A ce moment là, je l'avais baptisée "Downey" en pensant que c'était un mâle.

En rentrant du RDV avec le vétérinaire 3 jours plus tard, mon épicier du bas de ma rue sort tout à coup de sa boutique en criant " Mais c'est TINA ! Qu'est-ce que tu fais là ?! "

 

Soulagé et heureux de l'avoir retrouvé, je lui apprend que " Tina" attend une portée d'au moins 4 chatons. Il me promet de m'en garder un pour me remercier. Je lui dis alors, l'âme en peine car je m'étais déjà attachée : " D'accord mais alors je veux le même, celui qui lui ressemblera le plus ! aha " 

 

C'est ainsi que mon petit trésor est né 2 mois plus tard et que je suis venue le chercher alors qu'il se cachait sous les étagères de l'épicerie. Le véto m'apprend que c'est une fille, je découvre mon manque d'originalité en l'ayant appelée Bagheera et modifie son prénom pour Baghi <3 

 


 

MOM IS STILL THERE

 

Baghi a vécu 8 ans à mes côtés. J'ai mené avec elle la plus rude bataille de ma vie suite à la découverte de sa maladie congénitale qu'était l'IRC. Un cauchemar qui m'aura plongé durant 2 ans dans un quotidien aussi éprouvant que béni d'être encore possible avec elle. J'ai été atteinte à tous les niveaux, comme une mère peut l'être. 

Bien que la maladie était incurable, j'ai repoussé mes limites et me suis compromise à tous les niveaux durant ces 2 années de combat ( mental, social, financier etc ) mais je ne regrette absolument aucunes de mes initiatives. Elle en valait tellement plus.

Ce ne sont pas des sacrifices si l'on aime. 

 

J'ai été très impactée et c'est la relation émotionnelle la plus extrême que j'ai pu vivre, tant dans la peur, le stress que l'amour et la joie. J'ai eu la chance inouïe de vivre une complicité inter-espèce aussi forte, sincère et pure. 

 

 

N'en reste aujourd'hui plus que l'Amour ...

et une force inépuisable à travers et avec elle. 




11/06/21 ✨ 23 juillet 2021, 2 jours après ses 8 ans


Je n'avais pas eu le temps de publier notre dernière grande aventure 🌴 D'autres plus petites ont suivies ensuite, jusqu'au dernier moment & dernier jour au Mont Revard, à 1502m 🌍

Une force de vie extraordinaire qui, même devenue incapable de marcher correctement à la fin, se hissait au dehors avec tout l'appétit du Monde.
Baghi m'a appris le courage, la ténacité, la curiosité extrême, la sérénité, la communication & l'Amour pur sans limites 🔱

Si un de mes posts vous a un jour indirectement encouragé ou aidé, ce n'est pas moi qu'il faut remercier en premier lieu. Cet être a fait ressortir le meilleur de mon Humanité & je continuerai de lui faire honneur en ce sens, jusqu'au bout. Elle a su préserver, valoriser et protéger la partie la plus innocente, enfantine, chaleureuse et aimante qui me compose et que la société des Hommes tend chaque jour à amoindrir.

Elle a développé en moi un instinct maternel extrêmement puissant que je n'aurais jamais soupçonné ; je l'avais dans la peau, dans les tripes. Notre langage & relation était exceptionnels.

Je lui dois l'enseignement complet et riche de ma plus grande Leçon de vie : Baghi continuera pour toujours de vivre en moi, à travers mes yeux et mon cœur.

Itsumo ~

09/09/21 Phénix rising 🛡️ #changing

" Rien de plus douloureux qu'une mère ayant perdu son petit "
Je ne pensais ni le vivre un jour ni, très honnêtement, y survivre. Plus l'épée de Damoclès perdait de l'altitude sur notre bonheur intime, plus je sentais mes organes s'écraser sur eux-mêmes.

Avec sa maladie, la confiance aveugle qu'elle me portait pour traverser ce combat avait atteint un maximum peu commun pour une relation inter-espèce. Mal sevrée, j'étais devenue instinctivement sa mère et la seule décisionnaire pour prolonger désormais sa vie.

La mienne s'était réduite à un rôle unique : la protéger. Plus de travail, de vie sociale ou d'argent, mes sacrifices lui auront donné 2 années de plus. Sur cette route on a plusieurs fois essayé de me convaincre d'abandonner et de me préserver, me soutenant qu'il y avait des limites concrètes à l'amour porté à un animal.

Mais une vraie Mère peut tout.
Qu'importe l'aspect, l'origine ou l'espèce de son bébé.

Elle trouve même la force inimaginable de lui éviter définitivement toute souffrance.

Je pensais m'évanouir au moment fatidique mais la vraie puissance de l'Amour est là, il vous fait tenir debout jusqu'au bout pour l'être aimé, bien au-delà de vos réserves & vos capacités.

Puis la seconde suivant la perte, plus qu'un seul mot : désœuvrement.
On m'a enlevé le seul & dernier rôle que je tenais désespérément entre les mains, à quoi allais-je servir ?

Les projets ne manquent pas mais n'ont jamais été la priorité, toujours réduits au dernier plan. Que faire pour elle maintenant ?

Pourquoi boire, manger ou dormir puisque je n'ai plus à lui injecter les traitements, à surveiller son sommeil, son alimentation, ses examens ?

Tout semble futile, à commencer par penser de nouveau pour soi. Œuvrer pour mon petit bonheur devient insultant & les moments de joie deviennent douloureusement culpabilisant. La nature resplendissante dont elle ne pourra plus jamais profiter fait l'effet d'une gifle brûlante.

Et pourtant... il faut continuer.

Car c'est la plus belle façon de rendre hommage à la félicité que son existence a pu me procurer. Ne plus sourire, ce serait gâcher tout l'Amour qu'elle m'a consacré.

#backstronger

26/07/22 EPIC FAIL ? Il y a un mois j'annonçais mon départ sur le GR10 et j'ai pris récemment la décision de quitter le parcours. 

 

Je ne m'attendais absolument pas à ce choix et je pourrais rendre l'explication plus facile si je disais simplement que c'est dû à la difficulté, à un problème physique, un soucis de matériel ou autre impératif ... mais ce n'est pas le cas. 

Ça aurait été plus facile à accepter.

 

Je suis une habituée du GR10 et bien que je sois partie malade pour débuter l'aventure, j'aurai pu me reposer 2 jours dans un refuge pour repartir ensuite. Là n'était pas le problème et c'est bien ce qui " fait chier, grave " les têtus fonceurs de mon acabit : devoir le reconnaitre. 

 

C'est la première fois que cela m'arrive et je pense que c'est une bonne idée de partager sincèrement ce qu'il peut se passer là-haut, au sommet de votre psyché, sans honte ni tabou.

 

La vérité est simple. Une fois passé plusieurs jours dans les montagnes, seule au milieu de la nature silencieuse, la contemplation qui toujours fût mon lieu de ressource s'est avéré devenir mon bourreau : l'absence de Baghi s'est démultipliée au centuple. Je ne l'avais pas vu venir, j'ai pris la claque à plein revers. 

 

J'ai passé ces dernières années uniquement dans les montagnes ou dans les paysages isolés mais toujours avec elle, dans nos instants privilégiés. C'est devenu notre vraie maison, le van n'étant qu'une niche où dormir. 

 

Cette année sans elle j'ai donc enchaîné projets sur projets car mon cerveau hyperactif a besoin d'un défouloir créatif constant, créer pour exister dans le présent, s'y rattacher comme au radeau dans l'océan du vide. 

 

Mais j'ai suffisamment voyager pour avoir appris il y a longtemps  qu'on ne provoque pas les choses. Il faut laisser faire les évènements et ne pas forcer une porte quand celle-ci bloque. Accepter de la laisser fermer et en chercher une autre, ouvrir toutes celles disponibles pour assouvir sa soif du Monde. 

 

La nostalgie m'a donc engloutie toute crûe sur les sentiers et je me répétais, la cherchant du regard, dans ce silence devenu assourdissant " Mais qu'est-ce que je fous là ? ". Mon cerveau n'était pas du tout apte à contempler sans peine et l'effort physique ne suffisait absolument pas à le distraire.

 

Puis l'épisode de l'ours m'a remit les cellules en place. Ce coup d'adrénaline puissant m'a réveillé l'esprit. La vie c'est tout de suite : dans ce qu'on aime faire, dans les choix qui s'offrent encore à nous tant qu'on en a la chance. Tant éphémère qu'un rien peut nous en priver pour toujours, il peut-être fatal de l'oublier. Alors il faut enclencher la 6ème. 

 

Traverser le deuil c'est comme s'enliser dans un sable mouvant où les règles de l'espace-temps ne sont plus régies que par le filtre vitreux de la Mémoire. On s'enlise jusqu'à ce que l'on suffoque, jusqu'au dernier pallier du désespoir et de l'absurde. Puis d'un coup la Vie nous réveille et l'on tape brutalement du pied depuis le fond de notre cavité pour émerger avec fracas à la surface. Les poumons se remplissent à nouveau et l'excitation de Demain avec. 

 

En faisant du stop à la sortie du GR pour regagner la côte atlantique, je retrouve l'ivresse du voyage à sac-à-dos et vais déjà mieux. Il me tarde à nouveau de dessiner, de rire, de repousser mes limites, de reprendre la route, de traverser les cités du globe et de me laisser joyeusement happer par le bouillon vivant des explorations. Il me tarde d'être à nouveau heureuse.

 

Cet abandon de GR n'est donc pas tout à fait un "epic fail" car je suis redescendue de la montagne très différente qu'à la montée. J'ai laissé sur place, à la discrétion complice de la nature, le lourd, immobilisant et encombrant fardeau de la douleur. 

Nombre de mes plans nomades ont donc été revus en conséquence, pour une meilleure souplesse, une liberté toujours mieux servie. Je suis heureuse de cet échec qui s'est avéré être l'apprentissage le plus précieux de cette année, celui dont j'avais besoin. 

 

J'apprivoiserai à nouveau la solitude dans la nature au fur et à mesure avec des treks plus sportifs mais sur quelques jours seulement pour assouvir en parallèle mon besoin de création et d'action. On a beau fonctionner avec un système durant des années, rien ne vous garantit qu'un jour un évènement ne vienne changer la donne et transformer une échappatoire en impasse. 

 

Rien n'est jamais déterminé, le cerveau s'adapte sans nous consulter alors il faut être à l'écoute. Moduler son intelligence, accepter les faits, comprendre et rectifier la trajectoire. Garder une hygiène mentale saine. 

 

Il me tarde donc de découvrir mes prochaines aventures, mes prochains échecs, doutes et enseignements ⛰️🌴🌍

03/05/22 Parlons un peu à coeur ouvert... c'est dur sa race. 

 

Ouais je sais, la formule est pas ouf. J'ai pas plus simple pour résumer la difficulté titanesque que représente chaque jour la réalité délavée par l'absence cruelle et injuste de l'être aimé. 

 

Le quotidien des aventures entre Baghi et moi a été si intense, hors-norme, atypique et unique qu'il restera impossible à transmettre dans son écrin le plus authentique, vivant et perceptible. La seule chose à souhaiter à mes pairs est de vivre une relation aussi spéciale et précieuse avec une autre créature du Vivant et d'expérimenter l'incroyable pouvoir de collaboration inter-espèce. Un amour si pur, fluide et fort que les relations humaines semblent bien faibles et poreuses en comparaison.

 

Un lien si ancré, inaliénable et naturel que nombre de nos congénères affublent leurs compagnons de nomenclatures équivoques et indéboulonnables comme " mon fils", "mon bébé". 

 

J'ai tout suspendu hors du temps et de l'espace ces dernières années pour vivre furieusement avec elle nos meilleurs moments d'existence, en exclusion sociétale quasi-complète dans un rythme à 300 à l'heure. Pas le temps d'archiver sur les réseaux ou de prendre des rushs, les secondes accordées par sa combativité étaient inestimables. 

 

Aujourd'hui tout semble trop lent, ralenti : le rythme des conversations, le quotidien des humains que je croise, les paysages qui défilent... la Vie semble lourde dans ses pas, penaude et à la peine. Rouillée, parvenue et étrangère. 

 

La Nature grouillante et superbe continue de laminer ma poitrine lorsque, bercée par le soleil couchant et les bruits de la faune, je ne peux m'empêcher de notifier instinctivement " Elle serait trop bien là, sur ce sentier... c'est idéal " 

Avant de me rappeler que ces paradis terrestres ne lui sont plus permis. 

 

Le confort du quotidien devient absurde en ligne de fond.

 

De l'émerveillement tendre et doux pour ces horizons sereins... une enclume vient s'écraser au fond du sable. Elle draine tout sur son passage.

 

~

À cela s'ajoute le temps diffracté, la rayure profonde sur le 33 tours.

 

La sensation pénible de revenir d'un long voyage à l'autre bout du monde et de ne plus rien reconnaître au retour. D'être un sauvage inadapté à la routine ambiante, ennuyeuse et codifiée que l'on croise à nouveau. Faire semblant pour ne pas attirer les curiosités & les questions sans fin, jusqu'au prochain départ sans un regard en arrière.

 

Exception faite aux rencontres vraiment humaines IRL, faux semblants chassés : j'étale volontiers ma vraie nature sur les réseaux lorsque je garde souvent mes distances dans la vie réelle "d'appoint", par soucis de tranquillité et de liberté.

La bulle hermétique que j'ai construite pour protéger Baghi du fatalisme médical & des impératifs extérieurs humains m'a tenue pour un temps éloignée des inquiétudes actuelles... désormais éclatée, j'intègre par fouillis ce qui étaient des informations géo-socio-politiques surveillées de loin comme étant de plus en plus des sujets concrets.

 

Paradoxalement, de retour provisoirement dans un quotidien "normé", j'entends à nouveau malgré moi cette aigreur superficielle trop majoritaire et les complaintes mal-placées des plus favorisés dans une inertie toujours plus fataliste. Le couple médisance/méfiance ne semble faiblir en dépit des situations multiples qui l'exigent.

 

Donc : c'est dur sa race.

Comme tous ceux qui vivent la Perte.

 

J'atterris doucement, même si la capsule s'est décrochée de sa courbe orbitale depuis 9 mois déjà.

 

Il y a 1 semaine encore, s'il fallait traduire ma psyché, ça donnait deux images : un violon déformé et sans cordes mêlé d'un tas de cendres mouillées, restes d'un ancien feu brûlant et dévorant.

 

Mais peu à peu... les braises reviennent.

La colère et la créativité peuvent parfois faire bon ménage : celui de la Révolte. Les projets bénévoles et les créas engagées vont donc reprendre au pied levé 🔱

Si je partage sans tabou depuis longtemps mes états d'âmes sur les réseaux c'est pour décomplexer ceux qui se privent de le faire & participer à rendre le virtuel plus humain, plus sincère ✌🏽

 

En résumé : À chacun ses épreuves & ses difficultés mais gardez le cap no matter what 🏞️ ✊🏽 Une immense pensée à tous mes homologues humains ayant traversé cette douleur indescriptible et sous-évaluée dans notre civilisation actuelle ~


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